PHOTO M. M.
Pour une vie harmonieuse, lorsque l'âge de la retraite a sonné, Raymonde Laccaussague a choisi la musique. Et tant qu'à faire au sein de l'Harmonie de Hauts de Gironde. À raison de 4 à 5 concerts par an, elle interprète du classique comme de la variété ou des musiques de film. En ce moment, elle prépare avec l'Harmonie, le traditionnel concert Du lac des Moulins de juillet prochain. Mais cette passion n'a pas été soudaine. « J'avais envie de faire de la musique depuis mon enfance, raconte-t-elle. Mais mes parents ne pouvaient pas le financer. Après il y a eu la vie, les enfants, je me suis dit, à la retraite, je m'y mets. » Et Raymonde est une femme de parole. En 2008, une fois à la retraite, la vendange rentrée, elle s'est lancée pour réaliser son rêve : faire de la musique.
Emploi du temps
Raymonde et Jean, son mari, sont originaires de Saint-Christoly. Elle a repris la propriété viticole familiale tandis que son mari après avoir été salarié devenait artisan en peinture en bâtiments. Une vie plus que bien remplie que deux enfants, une fille et un garçon sont venus enrichir. Malgré un emploi du temps chargé, entre les travaux de la vigne, la maison, les enfants, Raymonde continuait à penser à la musique. Elle a peut-être inoculé cette passion à sa fille, Nathalie qui joue de la clarinette.
« Elle prenait des cours à Saint-Girons, chez le père Renaud qui était aussi menuisier. Elle a joué aussi à l'Harmonie », raconte Raymonde, une préfiguration du parcours de sa mère quelques années plus tard. « En septembre 2009, je me suis inscrite à l'école de musique des Hauts de Gironde. Joël Valleau, le directeur de l'époque, m'a dit qu'il n'y avait pas d'âge pour apprendre, mais je crois qu'il n'y croyait pas trop ».
Elle commence par suivre uniquement les cours de solfège. « Je voulais savoir où j'allais ». Pour elle, la matière se révèle tout sauf fastidieuse. « Au contraire, c'est plaisant à apprendre ». Une bonne élève comme le raconte son professeur de l'époque. « C'était une super élève. Elle travaillait tous les jours. Pour moi, elle était comme les autres, je ne faisais pas de différence par rapport à son âge ».
En avril, prenant conseil auprès de son mentor, Raymonde choisit la flûte traversière, un instrument « ni lourd, ni encombrant. » Les débuts ont été compliqués. « Ça n'a pas été facile, la position de la flûte sur les lèvres, c'est délicat. Après ça vient, mais au départ c'est dur. » Raymonde ne se décourage pas et travaille. « Je fais en moyenne une demi-heure de pratique par jour », explique-t-elle. Et le travail paie, car en 2011, elle reçoit un petit mot d'Emmanuel Thierry, actuel directeur de l'école de musique et chef de l'Harmonie des Hauts de Gironde.
« Il m'a envoyé un papier me disant, tu viens tel jour, telle heure pour répéter avec nous ». « J'ai été surprise, admet Raymonde. Je me suis dit, je ne sais pas ce que je vais faire là-dedans. » Les premières répétitions ont été « difficiles ». Son emploi du temps, s'est alourdi. « Le mercredi, j'ai une heure de solfège, le jeudi une demi-heure de flûte avec le professeur et le vendredi soir, deux heures de répétitions avec l'Harmonie ». A cela s'ajoute, le jardinage, le poste de secrétaire au bureau de l'école de musique et… aux beaux jours, des sorties en vélo avec son mari, qui la soutient totalement dans la réalisation de son rêve.
Seule Mirka, leur chienne émet quelques bémols lorsque sa maîtresse répète. « Elle n'apprécie pas les notes aiguës, sourit Raymonde ». Mais, les goûts de Mirka ne la feront pas changer d'avis, « Quand je joue, je me sens bien, alors tant que mes doigts suivront, je continuerai. »
Martial Maury